Description
« Pour l’emploi des pédales »
Étude des deux mains pour l’emploi des pédales.
L’emploi d’un moyen mécanique substitué à ceux qu’on peut tirer de la seule perfection du jeu, a certainement le vice de ralentir la poursuite de cette perfection, et d’empêcher l’élève de chercher dans l’habitude d’un tact bien ménagé les nuances qu’il veut produire. Aussi est-il fort commun de ne trouver chez les artistes qui font un abus de l’usage des pédales qu’un jeu sec et tout d’une couleur, lorsqu’ils se privent de ce moyen. L’élève ne devra donc se le permettre qu’après avoir épuisé tous les autres, et dans les cas très rares où l’on veut obtenir un effet frappant et inattendu, comme dans les deux parties majeures de ce morceau, ou bien lorsqu’après avoir pressé et pour ainsi dire exprimé tout le son de la touche dans un CRESCENDO , on en augmente la progression en levant les étouffoirs ; ou enfin dans de la musique pathétique du genre des deux mineurs de cette étude, qui doivent produire l’effet d’une harmonie vague dans laquelle quelques accents aigus se font entendre. Quant à la pédale qui étouffe les vibrations par le moyen du buffle, elle n’est bonne dans aucun cas, puisque les doigts peuvent en faire l’effet sans avoir l’inconvénient de changer la qualité du son. L’élève aura grand soin de relever la pédale au moment même où la phrase changeant de ton, le mélange des vibrations produirait, si on levait les étouffoirs, une cacophonie fort désagréable. Toute la partie syncopée de cette étude doit être jouée extrêmement liée. L’élève y cherchera toutes les nuances que son sentiment pourra lui inspirer ; mais qu’il se garde bien d’en vouloir mettre à chaque note : c’est le sentiment de la phrase qu’il faut concevoir et exprimer. Les deux parties majeures doivent être jouées très brillamment, et pour cela il faut ARPEGIER avec beaucoup de mordant les accords que font les deux mains.(H. de Montgeroult)
(Bruno Robillard – 2006)