Critiques CD Edna Stern


La Terrasse n°250, 28/01/17

Saluée en son temps comme l’une des meilleures pianistes françaises, la compositrice Hélène de Montgeroult (1764-1836) resta longtemps complètement oubliée. On découvre petit à petit son importance depuis la parution en 2006 d’une biographie du musicologue Jérôme Dorival. Grâce à lui, des interprètes de premier plan commencent à s’emparer de sa musique et à en mesurer la profondeur et l’intensité intérieure, poussant de manière troublante les portes du Romantisme dans les pas de l’inconnue. On se souvient du disque de Nicolas Stavy paru dès 2008, on découvre aujourd’hui l’intérêt de la pianiste Edna Stern, qui a choisi de consacrer son nouvel enregistrement à Hélène de Montgeroult.  « Georges Perec a écrit une nouvelle en 1979 appelée Le Voyage d’hiver, dans laquelle un professeur découvre chez un ami un vieux livre d’un auteur inconnu. Le jeune professeur est amusé de reconnaître ici et là des phrases de Mallarmé ou Victor Hugo. Mais à sa grande stupeur, sa recherche démontre que cet écrivain inconnu a vécu et publié son œuvre avant que Mallarmé et Hugo aient écrit la leur…  Le musicologue Jérôme Dorival, qui a découvert Hélène de Montgeroult, a vécu une expérience similaire et, en effet, il est difficile de ne pas comparer l’étude révolutionnaire de Chopin et l’étude n° 107 de Montgeroult ou sa fugue en fa mineur, et la fugue de Mendelssohn op. 35 n° 1. Comme dans l’histoire de Perec, Hélène de Montgeroult a écrit et publié sa musique entre 1795 et 1812, donc avant ou pendant les années de la naissance de Chopin et Mendelssohn… » explique la pianiste. Lors de son prochain récital parisien, sur un piano Pleyel de 1860, elle jouera quelques pages majeures de la grande compositrice enfin révélée en les confrontant aux Andante et variations de Haydn, Scènes d’enfants de Schumann, Variations sérieuses de Mendelssohn et Choral- Prélude op.122 n°5 de Brahms.

J. Lukas