Nicolas Stavy joue Hélène de Montgeroult


(Christian Lorandin, dans Resmusica – 12/02/2009)

Nicolas Stavy se situe dans la nouvelle génération de pianistes comme un musicien cultivé et curieux d’esprit. On connaît de lui un superbe récital Chopin capté en concert au Luxembourg (Paraty 207. 103) et il nous a surpris et passionnés avec l’enregistrement des Sept dernières paroles du Christ sur la croix, dans la version originale pour piano « approuvée » par Haydn (Mandala). Avec ce remarquable enregistrement (Hélène de Montgeroult – À la source du piano romantique) il comble désormais un vide essentiel dans l’évolution du répertoire pianistique français. Le nom et la musique d’Hélène de Montgeroult sont en effet pratiquement inconnus du grand public et même d’un grand nombre de musiciens. Si l’on joue et enregistre désormais au piano les œuvres de Rameau, mort en 1764, on ne reprend guère le cours de l’histoire de la musique française de piano qu’avec Alkan, né en 1813 et dont l’opus 1 date de 1826. Est-ce à dire qu’il n’existât aucun compositeur pianistes français durant quelque soixante ans ? Tout au contraire, la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème voient se développer une école de pianistes parisiens tout à fait considérable et passionnante. Peu d’interprètes abordent les grandioses et stupéfiantes Sonates de Boieldieu, de Jean-Louis Adam, d’Ignaz Ladurner ou de Hyacinte Jadin, tous professeurs au Conservatoire de musique et de déclamation de Paris créé sous la Convention en 1795. Dans cette lignée, apparaît Hélène de Montgeroult, première femme chargée de classe de piano hommes dans la nouvelle institution.

En marge de son ouvrage (et en parallèle d’un premier CD consacré à la compositrice par Bruno Robillard, toujours chez Hortus), l’intéressant livret de Jérôme Dorival nous apprend que la compositrice et pianiste est née à Lyon en 1764 et qu’elle reçut des leçons de Clémenti et de Dussek. Se produisant peu et plutôt en privé, cette magnifique interprète qui « faisait parler les touches », consacrait beaucoup de son temps à l’enseignement et à des recherches sur la technique et l’expression. Avec son Cours complet pour l’enseignement du pianoforte publié en 1820, mais commencé dès sa prise de fonction au Conservatoire en 1795 et qui ne comporte pas moins de 972 Exercices et 114 Études progressives, Hélène de Montgeroult est un jalon incontournable dans cette mutation passionnante du style et de la technique pianistiques qui s’opéra entre la fin du Classicisme et le début du Romantisme.

L’enregistrement (un peu court, on aurait volontiers découvert quelques études supplémentaires) présente un choix de 8 Études et la Sonate n°8. D’emblée, Nicolas Stavy nous prouve que la musique d’Hélène de Montgeroult est celle d’une grande créatrice, ardente, passionnée et sensible. De l’intériorité toute beethovénienne des deux premières parties de l’Étude 112 aux modernes figures rythmiques de l’allegro de l’Étude 99 ; du chant quasi chopinien de l’Étude 110 à la bouleversante simplicité de l’Aria de la Huitième Sonate et à tant d’autres occasions, Nicolas Stavy tisse avec Hélène de Montgeroult une relation privilégiée. L’exigence du pianiste, la profondeur de sa réflexion, le magnifique grain de son et la qualité remarquable qu’il applique au chant pianistique hissent ces superbes pages au rang d’authentiques chefs-d’œuvre. Hélène de Montgeroult trouve ici un interprète digne de ses admirables compositions.

(Thomas Herreng Revue Pianiste 2009)

Qui mieux que le pianiste Nicolas Stavy, qui a beaucoup fréquenté Haydn et Chopin, pouvait traduire les pensées musicales de la Marquise ? Son jeu, toujours parfaitement équilibré, évite le piège du romantisme échevelé et sait alterner des climats de nature très différente avec bonheur.

(La Marseillaise, 8 février 2009) Le formidable pianiste Nicolas Stavy grave une série d’Etudes (dont la superbe n° 112 !) tirées de son Cours complet » et sa 8e Sonate. A découvrir !

(Jacques Bonnaure, Classica répertoire, mars 2009)
Bref, on entend clairement qu’Hélène de Montgeroult est une artiste de premier plan, Nicolas Stavy aussi.

(DM Péché de classique Codaex 2009)
Pour la première fois au disque, Nicolas Stavy fait entendre de nouvelles études extraites du Cours complet et la Huitième sonate. Comment imaginer trouver réunies autant de tendresse et autant d’impétuosité que dans l’étude n°77 ? Le final de l’étude n°112 nous réjouit d’un jeu de feux follets, fantasques comme on aime les rêver, nous entrainant dans des recoins cachés que n’avaient pas encore fréquentés les auteurs classiques. D.M.

(Sylvianne Falcinelli L’éducation musicale 2011)
Les pianistes Bruno Robillard et Nicolas Stavy rivalisent de talent pour nous faire goûter tous les versants de l’inspiration dispensée par une musicienne à la vie romanesque, laquelle s’éleva très au-dessus de ce qui se pratiquait dans la musique française de ce temps.

(Sylvianne Falcinelli L’éducation musicale 2009)
Nicolas Stavy jouait et commentait un florilège d’études, nous prouvant qu’à travers une pédagogie, non seulement de la technique pianistique mais aussi de l’esprit à infuser dans l’interprétation, la Marquise – promue par la République après avoir été arrêtée sous la Terreur – créa, bien avant Chopin, l’étude de concert à visée musicale.

(Elodie Martinez toute la culture.com 2012)
Nicolas Stavy arrive ensuite sur scène pour interpréter avec une grande fluidité une sonate, deux études et deux nocturnes dans une première partie captivante où Hélène de Montgeroult côtoie l’écriture féminine de Frédéric Chopin : Sonate pour piano n°8 en fa mineur, œuvre imposante en trois mouvements dont le central est une Aria de toute beauté, Étude pour l’énergie du jeu, dont nous ressentons ici tout le dramatisme, et Étude en la majeur n°110 qui laisse sentir un climat proche du Nocturne. Logique alors de poursuivre avec Nocturne n°7 en si bémol majeur Opus 27 n°1 et Nocturne n°8 en ré bémol majeur Opus 27 n°2 de Chopin frappante par la richesse de son ornementation. Cet enchaînement permet d’entendre le caractère précurseur de la compositrice et l’on perçoit une certaine résonance schubertienne comme prend le temps d’expliquer le pianiste que l’on sent désireux de partager non seulement de la musique mais aussi de précieuses connaissances acquises lors de ses recherches. […] Si le programme décrit Nicolas Stavy comme « l’un des meilleurs pianistes français de sa génération », il faut bien admettre que ce n’est pas exagéré ici et qu’au talent se mêle la réflexion et le didactisme.